L’Allier et la Loire, font sans doute partie des dernières rivières sauvages d’Europe a emprunté au fil du temps et au gré des crues de multiples tracés dans la plaine alluviale. Les vestiges des anciens lits, plus ou moins éloignés du cours actuel, façonnent le paysage du Val d’Allier et du Val de Loire Bourbonnais et restent visibles à travers les milieux naturels ou les traces d’activités humaines passées.
L’Allier et la Loire, comme tous les cours d’eau, doivent constamment établir un équilibre entre les flux d’eau et le volume de matières solides qu’elles transportent.
Cela entraine la création puis l’abandon de méandres, l’érosion de talus, la formation de nouveaux dépôts de sable ou de galets.
Les secteurs où la dynamique fluviale est la plus active sont ainsi ceux présentant la plus grande richesse écologique, le val d’Allier et le val de Loire abritent donc un patrimoine naturel remarquable et des milieux naturels rares, partout ailleurs menacés en Europe.
La dynamique fluviale joue un rôle primordial dans la préservation de la nappe alluviale, réservoir souterrain de notre eau potable. La mobilité de la rivière garantit la qualité de l’eau filtrée et épurée par les alluvions régulièrement renouvelées et maintient le volume de la nappe. Cette ressource, pompée dans les puits de captage, aliment en eau potable 60% de la population bourbonnaise.
Mais, l’extraction de granulat dans le lit de la rivière ainsi que l’enrochement et l’endiguement de ses berges ont des effets néfastes sur la rivière. Pour équilibrer son cours, la rivière a besoin de matériaux à transporter. Mais lorsqu’elle ne peut plus éroder ses berges ou que d’autres activités lui soustraient ses réserves, elle compense ce manque en érodant le fond de son lit. Cette réponse de la rivière provoque l’enfoncement du lit et l’abaissement du volume de la nappe alluviale.
Ce surcreusement peut également provoquer la déstabilisation des ponts, dont les piles ne bénéficient plus des conditions d’ancrage suffisantes.
La préservation de l’espace de mobilité de la rivière est un enjeu collectif aujourd’hui reconnu et encouragé par les politiques publiques. Celle-ci passe par la connaissance et la sensibilisation au phénomène de divagation, garant de la biodiversité et de la qualité de vie de ses riverains.
Il est donc nécessaire de préserver cette dynamique et d’assurer à la rivière un espace de mobilité au sein duquel elle doit pouvoir évoluer librement.
Pour cela, le conservatoire agit par l’acquisition de zones erodables le long de la rivière afin d’assurer le maintien de la mobilité, la préservation ou la restauration des milieux naturels, en partenariat avec les éleveurs locaux.
Photo en-tête : La falaise des Moquets